Review d’Expo : Décadrage colonial

Ce matin, j’ai été invitée à découvrir l’exposition photographique Décradrage colonial, dédiée aux artistes anticolonualistes s’étant opposé à l’entreprise coloniale et à l’exposition coloniale de 1931.

Durant cette courte expo, il y a 3 regards qui se rencontrent :

Durant cette courte expo, il y a 3 regards qui se rencontrent :

Celui du musée, critique, qui adresse les manques et les stéréotypes présents dans sa collection, et les échecs de certaines œuvres ou artistes ayant Oulu prendre position contre la colonisation sans parvenir à s’émanciper de ses imaginaires exotisants et stéréotypés. Avec cette expo, c’est tout une critique de l’ethnologie coloniale qui est aussi formulée, et ce, de manière explicite, et la manière dont celle ci était dépendante des subventions de l’état colonial ou des groupes de presse qui commandaient des reportages pour promouvoir l’Empiemre colonial ou faire voyager son audience à travers des peuples fantasmés.

Celui des artistes de gauche exposé.e.s  qui, bien qu’ayant pris position à l’époque, retombaient parfois dans l’instrumentalisation des corps des personnes colonisés “pour faire dire”. Les œuvres les plus efficaces étaient, sans surprises, celles qui critiquaient directement les Européens en les rendant présents dans le cadre, au lieu de les rendre absents. Montrer les acteurs assurant le maintien de cette entreprise coloniale, et pas uniquement de leurs ictimes, c’est bien mettre en exergue une relation de domination. Du coup, j’ai eaucoup apprécié les caricatures de Loris qui croquaient les fonctionnaires présents aux Antilles, et dénonçaient le commerce sexuel présent dans l’entreprise coloniale.

Les féministes blanches des années 30 ne sont pas en reste puisque, même dans la revendication de l’abolition de la colonisation, on retrouve une rhétorique où les femmes colonisées ont un argumentaire paternaliste, prônant la respectabilité de celles ci pour montrer qu’elles ne sont pas “barbares”. C’est très intéressant de voir comment la part du  féminisme blanc dans un contexte colonial, essentiel pour les solidarités féministes d’aujourd’hui.

Enfin, le troisième regard, c’est le nôtre, particulièrement des personnes afrodescendantes. Que faire de ces portraits magnifiques de femmes africaines qui servaient à illustrer des articles exotisants ? Que faire De ces portraits dignes et respectueux qui, se departissent d’une esthétique du bon sauvage pour finalement servir une future mobilisation des colonisés pour servir les armées françaises, à l’approche de la seconde guerre mondiale ? Je me suis plusieurs fois posée la question pendant ma visite, à questionner mon appréciation de ces images belles, des lors que je les retirais de leur contexte et de la visée. Je pense que c’est là que prend toute la portée du terme Decadrage, qui n’est pas seulement à la charge des artistes de ces images, ou de leurs commanditaires, mais aussi à nous. Qui une fois sorties du musée, devront aller chercher les endroits où ces visages ont raconté par eux mêmes, leurs récits.

J’ai vraiment aimé l’analyse critique faite autour des œuvres, avec une remise en contexte des faits qui n’excuse pas pour autant la colonisation. J’aurais aimé voir encore plus d’artistes noir.e.s exposé.e.s et porteurs de cette critique décoloniale, mais je suis contente que vu la taille de l’expo, les choix ont du être limités. Et je me doute aussi qu’ayant travaillé sur ces thématiques, j’ai eu moins de découvertes qu’un public qui n’est pas familier avec cette période historique ou ces sujets, je pense donc que ça reste une bonne entrée en matière.

Si vous ne pouvez pas la visiter, vous pouvez toujours vous tourner vers son catalogue.

Merci au @centrepompidou pour son invitation.

(et non, c’est pas un post sponsorisé 😂

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