Salon du livre 2014 : 10/18, des cartes de visite et des ampoules.

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“10/18, c’est l’âge requis pour lire cette collection ?”

Si vous me suivez sur Twitter, vous savez certainement que j’étais au Salon du livre de Paris, cette année. Pas en tant que visiteur, non, ce serait trop facile. J’y étais avec le joli badge que voilà d’exposante. Je travaillais sur le stand des Editions 10/18 avec une libraire adorable qui m’a donné carte blanche pour gérer les dédicaces, m’occuper du stand en son absence, classer les livres et les diposer sur l’étalage, conseiller les clients…

Je ne sais pas si vous savez un peu ce que cela représente pour moi : toute la journée, j’étais entourée des oeuvres de Toni Morrison, de L’oeil le plus bleu à Home, mais aussi de Gyles Brandreth (seul auteur qui m’a fait apprécier le polar à ce jour), John Fante et son délicieux Demande à la poussière, et ils avaient même du Teju Cole parmi leurs nouveautés ! etc… C’était aussi épuisant qu’euphorique. Voir quelqu’un repartir avec Sula parce qu’on le lui a conseillé, décrire les éditions auprès d’une éditrice étrangère comme si on bossait dans la maison d’édition en question… EPIQUE.

Ceci étant dit, vous vous doutez bien que j’en ai profité pour fouiner du côté des stands étrangers, et parmi eux, le stand du Bassin du Congo m’a scotché.

 

Je venais de finir mes heures quand je suis tombée par hasard sur la conférence donnée, entre autres réalisateurs et réalisatrices afros, Euzhan Palcy, sur l’adaptation des oeuvres littéraires au cinéma.  Euzhan Palcy est donc la réalisatrice martiniquaise ayant réalisé le film “Une saison blanche et sèche”,  la même qui a convaincu Marlon Brando de jouer (alors qu’il avait pris sa retraite) gratuitement (parce que ce n’était pas assez) pour son film sur l’apartheid. Elle racontait comment elle avait tourné ce film en cachette en 1986, qu’elle avait dit au revoir à ses parents en étant consciente qu’elle ne reviendrait peut-être pas, son statut de femme noire étrangère dans l’industrie hollywoodienne… etc. Tu imagines cette jeune stagiaire épuisée sautée sur une chaise pour écouter la conférencière prodige jusqu’au bout ? Bah, c’était moi. Autant dire que lorsqu’elle m’a donné sa carte de visite, je n’en ai pas cru mes yeux.

Parmi les autres conférences que j’ai vu au même stand, Henri Lopes, ancien Premier Ministre du Congo et aujourd’hui ambassadeur du Congo en France, m’a fait pleuré en lisant des extraits de livres qui avaient changé sa vie. A ses côtés, j’ai découvert un Gaston Kelman différent de ce que j’imaginais. Je ne me suis toujours pas faite un avis sur sa personne, et sur son dédouanement vis à vis du titre tape à l’oeil “Je suis noir et je n’aime pas le manioc” – un choix de son éditeur, a-t-il clamé. Pour autant, rencontrer un auteur derrière ses livres change considérablement les choses : il parlait de son cheminement en tant qu’homme, et comment on lui reprochait parfois de ne pas être fidèle à ce qu’il disait dans un premier livre, etc. Mais peut-on vraiment rester le même dépendant d’un livre écrit il y a des années ? C’était intéressant.

J’ai aussi assisté une conférence sur la jeunesse africaine, qui était très très intéressante, et dont l’un des conférenciers, Jean Célestin Edjangue, responsable de la chaîne Africa 24, a  défendu les intérêts. J’ai mis dans ma liste son dernier essai, “Afrique, que fais-tu de ta jeunesse ?“. J’en ai profité pour attirer son attention sur des projets mis en place comme Parlons des Femmes Noires ou des entreprises émergentes comme la marque Blédardise, pour dénoncer un manque de visibilité de ces projets et demander comment ils comptaient nous l’apporter. Eh bien, le responsable s’est montré très ouvert, peut-être est-ce l’occasion de faire connaître un peu plus ce que ce blog tente de rendre visible également.

Aussi, c’était intéressant de voir les étalages de livres avec de nombreux auteur(e)s – et les livres de Léonora Miano et Morrison – même si je regrette amèrement d’avoir vu du Alain Mabanckou avec Le sanglot de l’homme noir trônant au milieu. Et il n’y avait pas de Chimamanda Adichie Ngozie, mais on rappelera qu’il s’agissait du Bassin du Congo – en même temps, mettre du Morrison et pas du Ngozie, mmmmmh.

 

Une très bonne expérience dans l’ensemble ! De toute cela, je suis repartie avec Anaïs Nin et ses cahiers secrets, dont la lecture me bouleverse; et aussi un livre “à l’aveugle” comme j’aime les appeler, “Les yeux bandées” de Siri Hustvedt, sur le genre. J’en parlerai très prochainement.

Ah, j’oubliais : 10/18, c’est le format.

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