Raviver nos traces – 1 : Les soeurs Nardal, les oubliées de la Négritude

Hello tout le monde !

Ça fait un moment que j’ai un article dans mes brouillons sur l’apport des savoirs des femmes noires dans l’histoire antiraciste et féministe, alors quand j’ai vu annoncée la sortie de ce documentaire, j’ai évidemment couru pour le visionner ! Je n’ai pas beaucoup lu sur les soeurs Nardal, mais je me demandais si un format d’une heure, comme le propose ce documentaire, serait suffisant pour brasser leur histoire et leur effacement.

Ce que j’ai aimé :

  • Le rendu d’une expérience antillaise qui, arrivée dans l’hexagone, se heurte à la racialisation au sein d’une population majoritairement blanche : encore aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il y a de vrais échanges dans les communautés antillaises sur cette prise de conscience du racisme et de ses travers, une fois qu’on vit dans l’hexagone.
  • Le rendu de leur background : le portrait des soeurs Nardal adresse bien comment la bourgeoisie, le colorisme et une éducation conservatrice et assimilationniste ont contribué à leurs trajectoires,, ce qui complexifie et enrichit leur vécu à Paris, et la rencontre avec une France raciste et peu soucieuse des Antilles.
  • La prévention des anachronies : de la même manière que décrire les soeurs Nardal comme afroféministes seraient anachroniques (à mons avis, il est plus juste de parler de filiation entre leurs savoirs et la pensée afroféministe d’aujourd’hui, sans pour autant leur attribuer ce terme), le documentaire nous apprend que jamais elles n’auraient employé le terme “négritude”.
  • Les contradictions politiques des soeurs Nardal entre leur républicanisme et leurs revendications pour l’égalité des peuples, leur classe bourgeoisie.
  • Le rappel que la prise de parole publique par des femmes noires engagées était criminalisé : les soeurs Nardal étaient fichées par la police.
  • Bien qu’il est énoncé qu’Aimé Césaire et Leopold Senghor se sont éloignés d’elles, à cause de différents politiques, le documentaire souligne aussi qu’ils avaient peur que leurs pensées politiques soient attribuées à un cercle de femmes. Le documentaire parle bien de la misogynie structurelle, tant en Martinique qu’en France hexagonale, et de la manière dont cela a altéré la trajectoire de Paulette Nardal – quasiment snobée par Césaire à la fin de sa vie.

J’avais déjà en brouillon une série d’articles sur le processus d’effacement et d’altération de l’histoire des femmes noires, et ce long-métrage est tombé à point nommer pour la lancer… On verra bien où ça nous mènera ? En attendant, j’ai beaucoup aimé les nuances rendues par ce documentaire, surtout dans un format aussi court – oui, c’est court, une heure !

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