Review : BANTU MAMA
Il y a quelques semaines, on m’a proposé de découvrir le film Bantu Mama, avec Clarisse Albrecht et Euris Javiel, réalisé par Ivan Herrera. Bien contente de découvrir un autre récit sur nos diasporas, je vous en parle aujourd’hui !
Ce film a été récompensé comme Meilleur Film International aux prestigieux NAACP Image Awards, cette année !
Réalisé par Ivan Herrera, Bantú Mama raconte l’histoire d’une franco-camerounaise qui parvient à s’échapper après avoir été arrêtée en République Dominicaine, pour trafic de drogue. Emmanuelle se réfugie dans le quartier le plus dangereux de Saint Domingue, où elle est recueillie par un groupe d’enfants livrés à eux-mêmes. En devenant leur protégée et figure maternelle, elle verra son destin changer de façon inexorable.
Allociné
Si le film a une esthétique magnifique – où les petits détails font progresser l’intrigue dans des silences bien choisis – l’intrigue met du temps à se mettre en place.
On ne sait pas grand chose d’Emmanuelle, et on la découvre finalement au contact de ces trois enfants qui apprennent à la connaître et l’hébergent, le temps qu’elle trouve un moyen de rentrer clandestinement en France. Le film tisse clairement une discussion sur la diaspora – la situation des haïtien.ne.s en République dominicaine, la surreprésentation d’une Afrique anglophone qui invisibilise la diversité du continent, l’impossibilité de se rencontrer au sein de cette diaspora pour se découvrir. Emmanuelle partage son expérience de femme franco-camérounaise à des Dominicains noirs, et ils échangent sur leurs visions de l’Afrique qui, bien que survolées, créent des ponts entre eux et témoignent d’une réelle envie de la découvrir.
Mais ce que j’ai finalement le plus apprécié dans ce film, c’est le thème du faire famille. En effet, il aurait été facile de placer Emmanuelle directement comme une mère de substition, mais ce n’est pas le cas. La sécurité d’Emmanuelle dans le quartier le plus dangereux de Saint Domingue repose sur ces adolescents, le rapport de force tangue durant tout le film entre eux, et donne une histoire très émouvante. Il y a une vraie solidarité dans cette situation à huit clos, et un parallèle intéressant entre la précarité matérielle des jeunes adolescents dépendants d’un cartel pour survivre, et celle d’Emmanuelle qui est une fugitive sur le point de tout perdre. En s’entraidant, ils reconstruisent un monde intime un peu branlant, mais où chacun peut redéfinir sa place.
Il y a beaucoup de questions qui restent en suspens à la fin du film, on a envie de savoir ce que ces enfants sont devenus, et voir certains thèmes plus approfondis, mais peut-on tout dire dans un seul film ? Bref, un film émouvant qui nous fait passer un beau moment !
Pas encore sorti en France, vous pouvez le retrouver en festivals et également sur certains catalogues Netflix, selon là où vous habitez.