À l’occasion du festival internation du cinéma d’Amiens, on m’a proposé de présenter la séance du film Blade, que J’ADORE.
Le héros est incarné par Wesley Snipes, ce qui m’a marqué à l’époque car, encore une fois, voir des héros noirs dans des fictions fantastiques, c’était assez rare… Et pourtant, la figure du vampire noir n’est pas l’apanage de l’Occident ! Avec la popularité du comte Dracula et la surreprésentation de mythes occidentaux dans les productions mainstream, on a tendance à oublier que les mythes et les légendes sont souvent présents dans plusieurs civilisations, comme des motifs ou des tropes (c’est notamment ce qui amène à des polémiques comme celle de la Petite sirène, interprétée par une actrice noire).
L’Adze
En Afrique( Togo et Ghana) vit un vampire qui prends la forme d’une luciole. Sous sa forme Humaine, l’Adze possède ses victimes. Il les envoute, les africains disent que ces victimes sont des « sorciers ».
L’Asanbosam
L’Asanbosam (ou Sasabonsam) est, dans le folklore des Ashantis du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Togo, une créature humanoïde semblable à un vampire.
Louis Pointe du Lac
Dans la nouvelle série Entretien avec un vampire, Louis Pointe du Lac est afro-américain, né en Louisianne. Ce que je trouvais intéressant, c’est comment dans un contexte de ségrégation raciale, le pouvoir du vampire apparaît à Louis comme un moyen de sortir de sa condition, un levier d’ascension sociale, de liberté, mais aussi de vengeance. Le rapport à l’humanité est enrichie par l’expérience de cet homme noir à cette époque.
Shori
Dans le roman Novice d’Octavia Butler, Shori est une vampire afro-américaine qui (SPOILERS) est pourchassée à cause de sa couleur de peau, car sa mélanine lui permet d’être la seule vampire pouvant vivre durant le jour.
J’aurais aussi pu parler d’Akasha dans Queen of Damned, cette déesse d’Egypte et vampire originelle, mais je voulais surtout me concentrer sur la manière dont la figure du vampire a pu nourrir une fiction antiraciste, comme le cas de The Black Vampyre d’Uriah Derick Darcy, publié en 1819. La chercheuse Sam George explique dans l’article “America’s first vampire was Black and revolutionary – it’s time to remember him” :
“Ce qui est si remarquable dans cette histoire, c’est qu’il s’agit d’un récit anti-esclavagiste du début des années 1800 qui met également en scène le premier vampire américain qui est noir. C’est aussi peut-être la première nouvelle à prôner l’émancipation des esclaves, publiée 14 ans avant que Lydia Child ne publie Un appel en faveur de cette classe d’Américains appelés Africains, qui est largement considéré comme le premier livre anti-esclavagiste.”
Preuve encore que la fiction forge les imaginaires, est porteuse d’images politiques de notre société, entre autres, si l’on en doutait encore.
Alors, je devance certain.e.s : non, je n’écris pas de fictions sur les vampires, en ce moment ! Déjà, parce que si vous avez lu Nos Jours Brûlés, j’y parle déjà de l’Asanbosam (hehe), mais surtout, parce que c’est la lectrice/spectatrice en moi qui parle dans c post.
Je serai curieuse de connaître d’autres fictions avec des vampires noirs si vous en avez en tête !