Hello tout le monde !
Je reposte ici, une réflexion initialement partagée sur mon Instagram.
Pour aller plus loin :
Quelques articles intéressants sur le sujet :
Pour être claire, la plupart des critiques dénonçant le choix de l’éditeur de l’œuvre de Gorman en néerlandais n’ont pas dit que les traduct.eurs.rices littéraires devaient avoir exactement les mêmes identités et expériences que l’autrice, et donc qu’aucune personne blanche ne peut jamais traduire un.e autrice.eur noir.e. La critique a contesté à juste titre le choix de la maison d’édition dans un contexte où le racisme systémique contre les voix hollandaises non blanches, et en particulier les voix noires, est prédominant. Leur exigence était qu’un choix soit fait avec attention et soin. With care.
https://diacritik.com/2021/03/08/uncaring-reflexions-sur-les-enjeux-de-la-traduction-litteraire/
- Traduire : qui, quoi, comment, pourquoi ?, France Culture
- La traduction d’Amanda Gorman, une question qui fâche
Il est saisissant de constater comment, une fois de plus, en France, des revendications de visibilité sont reformulées comme des tentatives sécessionnistes ou racistes. Plus au Nord, le débat est virulent, mais ne s’épargne pas la nuance (voir l’entretien avec l’écrivaine belge Lieve Joris dans Le Point).
En France, des postures qui peuvent plaider, de façon vindicative parfois, pour une ouverture à la diversité sont réinterprétées en tentatives d’assignations identitaires. Il y a là un point aveugle qui doit être interrogé : qu’est-ce qui fait si peur dans les revendications de minorités pour qu’elles soient d’emblée rendues inaudibles, faisant d’une demande d’ouverture une guerre de tranchées ?
Bonne lecture !
À un autre niveau mais dans le même ordre d’idée, j’ai lu la version francophone de “Débâcle” d’une auteure compatriote néerlandophone. J’avais le plaisir d’enfin lire un livre où je retrouvais les images et les odeurs, les habitudes de vie de la campagne belge. Jusqu’à ce que je lise “soixante-dix” au lieu de septante. Ça a cassé toute la magie de l’ambiance. Tout ça pour satisfaire le public français.
Merci beaucoup Mrs Roots pour cet article dont le monde de la traduction en France a grand besoin. Moi même je suis une jeune traductrice littéraire depuis 2018, je suis blanche, et la question de “qui traduit qui” et de ma légitimité à traduire certains textes me touche beaucoup et se pose régulièrement. Merci pour les liens des articles que vous fournissez, notamment “Uncaring”, j’ai découvert grâce à vous Canan Marasligil dont j’ai tout à apprendre. Merci infiniment !
Merci de ce nouveau billet ! Une chose me frappe cependant : j’ai lu un certain nombre d’articles sur ce sujet et nul·le ne semble s’intéresser au fait que la personne initialement pressentie pour se charger de cette traduction aux Pays-Bas et la personne française, n’ont absolument aucune expérience de la traduction. Or, au risque de choquer, je me lance : la traduction est un vrai métier, qui nécessite travail, savoir-faire, expérience, techniques, astuces et talent, comme tous les métiers. Il est certain que les Noir·e·s subissent le racisme partout, y compris dans la traduction, mais je ne pense pas que ce domaine soit plus touché que les autres car à une écrasante majorité, les traductrices·eurs (la plupart des traducteurs sont des femmes) exercent leur activité chez elles devant leur ordinateur et ne rencontrent jamais leurs clients, il leur est donc plus facile que dans d’autres métiers de se faire remarquer par leurs compétences plutôt que par leur couleur de peau (à condition que le donneur d’ouvrage ait à cœur de choisir quelqu’un de compétent et pas un de ses potes, comme c’est souvent le cas). Je pense que la polémique touche d’autant plus facilement ce domaine-là (et pas le métier d’éditeur ou que sais-je) que la profession de traducteur est largement méconnue, sous-estimée, et (étrange coïncidence) féminisée.