[Trigger Warning : maltraitance sur enfants, agression sexuelle]
A Montréal, on suit le quotidien précaire de Baby, une jeune fille de 12 ans, rêveuse qui suit, entre fantaisies et journées incertaines, son père junky. En grandissant dans l’ombre de sa mère décédée, Baby appréhende l’adolescence, terrain minée où son corps ne répond plus et où son rapport au monde se mue en quelque chose de douloureusement réel.
Heather O’neil réussit à nous décrire une vie dramatique avec le regard de l’enfance, ; à la fois poétique et incroyablement lucide sur le monde des adultes. On oscille constamment entre une incroyable douceur, et une violence cristallisée.
Personnellement, je reste mitigée par ce filtre de l’enfance, qui rend certains passages incroyablement cru dans ce que le sexe incarne pour elle. C’est à la fois transgressif et dérangeant, de sorte que la dureté de certains évènements semblent au premier abord soupesé, avant que le lecteur ne mesure lui-même l’écart entre ce filtre et la violence réelle.
Je regrette cependant l’essoufflement du roman qui, à force d’être coupée par des longueurs, perd de son intensité, avec une fin peu bâclée.