[Les Enjeux] Why can't we wait – MLK et le racisme invisibilisé

Me revoilààà !

Précédemment(voir article précédent ici), je vous expliquais pourquoi la lecture de ce livre était l’occasion de percer une représentation galvanisée du mythe MLK, et comment cette mystification invisibilise parfois le racisme moderne, dans tout ce qu’il a de plus décomplexé. Ou comment sortir du “c’était pire, avant”.

Comme il s’agit d’une review et non d’un mémoire, je tiens à souligner trois axes principaux de ma réflexion sur cet ouvrage, trois axes qu’il me semble important de prendre en compte pour comprendre mon point de vue. Et comme les bons articles ne sont jamais très loin avec la Bande de Twitter (voir ma blogroll, si ce n’est pas déjà fait !), ces trois axes seront liés notamment à certains de leurs articles.

Je disais donc que ce qui m’intéressait était la question du mythe afro-américain et l’invisibilité qu’il produit comme dommage collatéral d’un imaginaire collectif biaisé, une notion assez complexe qui comprend trois dynamiques :

  • D’une part, le panthéon des figures afro-américaines et sa nécessité : ces icônes historiques sont une nécessité dans la consolidation d’une communauté afro-américaine, et rejoignent déjà un panthéon international dans la lutte contre la discrimination raciale, tout aussi tronqué. Petite démonstration : citez-moi une figure non-afro-américaine ayant contribué à la lutte contre le racisme, qui ne soit pas Mandela ?Les plus ardus citeront certainement Aimé Césaire, peut-être même Frantz Fanon, parce qu’ils sont francophones et proches de nous (même si ça relève plus du post-colonial, mais soit*chipote*). Mais ensuite ? S’il n’est pas possible de “connaître tout le monde”, on notera tout de même une prédominance des figures afro-américaines et la sécheresse qui survient quand on sort de ce cadre (avec une impression que “Césaire, c’est moins swag”- oui, j’ai osé). Pourtant, ces rapports de forces dans nos références sont très conséquentes, comme le notait Nègre Inverti dans son article : il est primordial de ne pas les concevoir comme des normes préétablies issues d’un “c’est comme ça, écoutes !”.De la même manière que les mots sont importants, nos références se doivent d’être prises pour ce qu’elles sont et non pour ce qu’elles paraissent être. Quoi de plus parlant donc qu’une lecture de MLK pour voir ce qu’il en est ?
  • D’autre part, il y a la part survendue à travers le monde de ce mythe (via film, musique, etc) du Black Americancomme l’expliquait Many:

Donc je disais comme 3/4 des afros conscients j’adulais les Black Panthers, les mouvements noirs pour les droits civiques, l’incontournable Martin Luther king etc…Et inconsciemment, je ne pouvais m’empêcher de voir le “Black american” comme le stade suprême du Noir réhabilité dans sa fierté et sa dignité […] Au point de penser bêtement que le Black american est un modèle de combat et qu’il était nécessaire d’appliquer les mêmes méthodes pour vaincre le racisme institutionnel français”. Pour lire la suite, ici.

Ca ne vous rappelle rien ?

  • Enfin, la dernière dynamique est l’idée reçue n°1 selon laquelle le pacifisme de MLK en faisait un leader moins radical que son ami Malcolm X. Je ne sais même pas par où commencer tellement il y a d’anguilles sous ce gros rocher. Je pense que la plus grosse anguille est la notion de radicalité que l’on nous sort selon la tendance, (je n’ai jamais entendu le mot radicalité concernant le colonialisme, c’est bizarre, non ? my bad)  , s’ajoutant à cela une profonde méconnaissance de Malcolm X, le tout doublé d’un angelisme de MLK. La combo !

Et voilà ! Trois dynamiques toutes belles, toutes complexes comme on les aime. C’est pas beau ça ?  Avant que l’on ne m’accuse de voir le mal partout/me prendre la tête/d’être pro ou anti-Malcolm X ou panini au chèvre, sachez qu’il me semblait important de voir l’envers de cette caution anti-raciste; à savoir le discours du bon/mauvais militant, l’idée qu’il n’y a que les afro-américains qui ont agi (wrong, wrong, wrong !) et surtout le fait de vérifier ses sources. Tout est lié.

Lutter, c’est d’abord s’informer sur notre premier code de référence, soit ce savoir préalable qu’on nous a inculqué depuis tout petit. C’est donc tourner son sens critique vers ces figures pour, si l’on ne finit pas déçu, les apprécier encore davantage. Je vous donne donc rendez-vous pour la troisième partie où on attaquera le vif du sujet : le bouquin!

En attendant, je vous donne un petit extrait de ce qui vous attend:

“Three hundred years of humiliation, abuse and deprivation cannot be expected to find a voice in a whisper”

Trois cents ans d’humiliation, de violence et de privation, ne peuvent être sommés de trouver une voix dans un murmure.

Martin Luther King

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *