Tout a été très bien expliqué sur les problèmes de l’édition d’Afropunk hébergée à Paris il y a quelques jours déjà, et cela explique certainement pourquoi j’ai seulement passé un bon moment de divertissement lors de cette soirée. C’était une première édition qui, dans le paysage afropéen, aurait apporté quelque chose s’il n’avait pas été délavé de sa portée politique et de son histoire, pour être plus apprécié par le public français. La French touch donc se distingue souvent dans cette manière de rendre accessible et moins dérangeant les revendications politiques liées aux questions raciales, en France. Ici, les seuls moments où j’ai vu poindre ce qui se rapproche de l’esprit Afropunk, ce sont certaines paroles des artistes, donc Sandra Nkaké qui décrivait un moment la manière dont une femme esclave avait été dépossédée de son corps, et les divers appels à la dénonciation des oppressions. Deux minutes, c’est peu sur tout un festival.
Je pense parfois qu’il y a deux dynamiques qui contribuent à la dépolitisation de ces évènements, notamment cette précipitation à combler la carence des événements afros populaires (oui, des évènements culturels afro, il y en a, mais d’aussi populaires et engagés, pas toujours, et rarement en dehors des institutions) par la mise en avant des petites initiatives de certaines marques de vêtements, de restaurants, et autres projets afros. Leur mise en avant est nécessaire, mais pourquoi doit-elle se solder par une présentation plus”fashion” et”tout public”, quand elle a pour origine les revendications de communautés noires – en l’occurence afro-américaine ? On voit encore la différence entre le contexte américain où les questions raciales sont ouvertement abordées et le contexte français, toujours un intermédiaire étrange. Sans surprise, l’exportation de ce genre d’évènements ici apparaît finalement davantage comme une extension marketing de l’Afropunk initial.
En somme, la célébration des cultures afros ne devrait pas être soumise à cette incessante politique de respectabilité, afin d’en faire”un bon moment”, mais bien offrir une plateforme artistique et politique. Peut-être la prochaine fois ?