Le colorisme… expliqué aux plus grands

Hello tout le monde !

Ce mois de janvier a été un mois très chargé pour moi ! Chargé en paperasse, en idées, et en petits (gros ?) projets, et… en livres ! Mon second livre pour enfants est sorti le 8 janvier, et il porte sur le colorisme.

Offre le à ton voisin, ta voisine, ton chat ou à toi-même <3.

Shout out to Barbara Brun qui a encore fait des merveilles pour ce nouvel album. Je me demande toujours quelle place doit tenir mes livres sur ce blog, probablement parce qu’ils sont un peu le prolongement de ma démarche. Néanmoins, si Papillons Noirs permettait d’aborder le harcèlement scolaire et à la négrophobie autour du cheveu crépu, je savais que ce second livre pointerait un sujet encore plus tabou : le colorisme.

Si vous ne savez pas ce que c’est, je vous conseille un de mes podcasts préférés, MounWoke ,qui a traité du colorisme en Martinique, et cet article où j’en parle un peu plus.

Néanmoins, ce post est plus un petit focus sur les raccourcis fréquents autour du colorisme, et il me semblait important de les lister en un court article.

“Bah en fait, le colorisme, c’est du racisme entre les Noirs quoi”

Alors, non. Nope. No. Nopity nope. Ce type de raccourci nie un point fondamental : le colorisme existe au sein d’un système raciste, qui définit une hiérarchisation des individus sur la base de la couleur de peau. Ce n’est donc pas une discrimination détachée du reste, ni produite au sein d’une communauté X. Elle résulte notamment de l’esclavagisme et du colonialisme, et qui ne se limite pas aux communautés afro (en témoigne notamment le blanchiment de peau présent en Asie; mais aussi le colorisme en Amérique latine).

Aussi, suggérer que le colorisme serait “un autre racisme” entre racisés, ce serait calquer maladroitement des rapports de pouvoir avec la suprématie blanche, entre des personnes minorisées. C’est un peu comme si on estimait que la grippe et le rhume sont la même chose, parce que ce sont des maladies. Or, même si c’est le cas, elles nous atteignent différemment, produisent des douleurs et des gênes différentes. Bah là, c’est pareil. Il est important d’analyser le colorisme dans le contexte où il s’exerce (que ce soit par rapport au groupe ethnique, ou encore la manière dont il s’inscrit dans un continuum historique). Bref, les conséquences du colorisme sont réelles et méritent tout autant d’analyse, que d’autres discriminations.

“Est-ce que c’est pas juste un concept américain ?”

Encore faux ! Comme le souligne ce très bon article, le colorisme a déjà été étudié par des intellectuels noirs francophones tels que Frantz Fanon. Si le terme semble emprunté à l’anglais, il recouvre néanmoins une réalité sociale dûment étudié dans les cercles académiques. Cet extrait montre notamment que le colorisme permet de nommer une réalité nuancée de la racialisation.


“La question des nuances de couleur de peau au sein des populations noires est importante du point de vue des hiérarchies sociales. On propose d’utiliser le terme de « colorisme », traduit de l’anglais américain colorism, pour référer à ces nuances et à leurs perceptions sociales. Une réflexion sur le colorisme permet alors de nuancer l’opposition « noir »/« blanc », certes fondamentale dans les imaginaires racialisés, mais qui ne rend pas compte, à elle seule, des hiérarchies sociales induites par la racialisation.”


Questions de couleur. Histoire, idéologie et pratiques du colorisme
Pap N’Diaye

“Est-ce que c’est pas juste de la haine de soi ?”

Alors, euh.. on peut débattre longtemps dessus, mais là encore, ce serait réduire le problème, et ignorer que la haine de soi ne naît pas toute seule. Que ce soit par des discours dans le cadre familial, professionnel , pardes diktats de beauté véhiculés en général; ou encore par le fétichisme du métissage; la dépréciation des peaux foncées résulte d’une violence collective, souvent insidieuse et omniprésente. C’est ce qui pousse plusieurs femmes à avoir recours à la dépigmentation. Aussi, le colorisme s’appuie également sur le corrélation entre une peau clair et des traits identifiés dans l’imaginaire collectif comme occidentaux. Je dis bien “identifier comme”, car cette lecture participe à nier la diversité des traits des différentes communautés, en prenant la blanchité comme curseur.

Ajoutons à cela que le colorisme nourrit également la misogynoir, et vise particulièrement les femmes noires foncées, comme je l’ai abordé plusieurs fois sur ce blog.

En parler aux plus jeunes, comme aux plus grands, c’est sensibiliser notre participation inconsciente ou non au colorisme, aux violences que cela implique, et à la dépréciation de l’estime de soi des personnes à la peau foncée “même pour rigoler”.

Rappelons-le : il n’y a pas de “petite” discrimination.

Pour aller plus loin

Un super article “Pour une recherche inclusive sur le colorisme” (en anglais) sur la nécessité d’élargir les champs de recherche sur le colorisme, avec une grille intersectionnelle.

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