La Minute Litté : Le mythe du Bon Sauvage

“Pocahontas saves Smith”

Le mythe du bon sauvage, qui s’est constitué suite à la découverte de l’Amérique, est l’idéalisation des hommes vivant en contact étroit avec la nature.  Il répond, entre autres, à la quête de nouvelles valeurs du 18e siècle ainsi qu’à son fougueux débat opposant « nature » et « culture ».   Associé à la période de grands bouleversements de la Révolution industrielle — réorganisation sociale, développement technologique, productivité, propriété privée, etc.… — il représente un havre de paix pour toutes les âmes agitées par un futur incertain

Le mythe du bon sauvage était un courant ou une fascination littéraire visant à sublimer le caractère exotique de l’étranger, soit la mise en avant de sa pureté du fait de son habitat naturel, mais aussi de son innocence par sa distance avec les civilisations européennes. Caricatural donc, il était la symbiose de certaines mœurs de l’époque, et alimentait idéaux et fantasmes divers.

Une diversité qui nous oblige à différencier l’utilisation de ce procédé. En effet, si dans Atala de Châteaubriand, il était formulé une ode à cette sauvage qui trouvait l’amour avec cet européen et souhaitait se convertir à la religion chrétienne – tout bien sous tout rapport donc – d’autres auteurs ont repris cette figure pour dénoncer l’esclavage.

C’est le cas de Diderot qui, dans le Supplément au Voyage de Bougainville (un supplément à un carnet de voyage publié donc par Bougainville et qui relatait les voyages de ce dernier à Tahiti, aussi profond que “il y avait des femmes aux bustes nus, huhu”) utilisa la figure d’un sage indigène pour tourner en ridicule la mentalité raciste européenne, soit la considération de peuples inférieurs et sous éduqués. Par là même, le Sage devient celui qui éduque la bêtise du colon mis en scène.

“Quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ?”

Pourquoi y réfléchir aujourd’hui ?

L’exotisation des cultures étrangères est toujours d’actualité : réappropriation de coutumes artistiques, xénophilie encouragée via les fantasmes sexuels, forme de tourisme décomplexé avec des bidonvilles pour riches, ou encore développement personnel faisant d’une culture étrangère un reality show . L’exotisation est une autre forme de soulignement de la différence qui peut tomber facilement dans le dérapage ou l’ignorance à outrance : est exotique ce que l’on ne connaît pas.

Le partage se substitue de plus en plus à la caricature d’une culture étrangère, aux stéréotypes. Le “Bon sauvage” est le support d’un développement personnel dans le cas de Mindy Bugdor, et en aucun cas considéré pour ce qu’il est vraiment : un être humain. Le Bon sauvage est ainsi un exemple d’ une démarche ethnocentriste, où l’autre est l’objet de ce que l’on veut entendre, et non pas ce que l’on veut écouter.

Pour aller plus loin : 

http://www.cvm.qc.ca/encephi/Syllabus/Litterature/18e/bonsauvage.htm

http://elisabeth.kennel.perso.neuf.fr/le_mythe_du_bon_sauvage.htm#Des textes contradictoires

Quant à Voltaire que l’on applaudit pour le nègre de Surinam, je vous laisse juger par vous-mêmes : http://www.une-autre-histoire.org/voltaire-etait-il-raciste/

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