Réflexion : la transmission est un outil politique

Une réflexion que j’avais gardé dans mes brouillons et qu’il m’a semblé intéressant de sortir pour la rentrée 🙂 Bonne lecture !


Ca fait des années que je parle et m’intéresse à la portée politique de la transmission, et en parlant avec pas mal de femmes noires, je me rends compte qu’il y a ces dernières années, un discours très aseptisé qui s’est forgé à travers les médias sur le sujet.

La transmission est souvent présentée comme un outil de développement personnel (aka “grâce à la transmission, je saurais x ou y sur moi”), et cet épanouissement en serait la finalité. C’est ce qui fait qu’il y a de plus en plus de conversation sur la représentation alors que ce n’est qu’une infime partie.

A cause de l’industrie du bien-être, il y a une dépolitisation du self care, et par ricochet, une lecture individualiste de la transmission, qui fait oublier sa portée collective. S’engager dans la transmission ne signifie pas seulement s’arrêter à la revalorisation de communautés.

Ça suppose également prendre en compte qu’il y aura toujours dans ces mêmes communautés, des membres qui demanderont à apprendre des bases, par exemple, et donc d’évaluer quelles ressources et quelles stratégies on met en place pour les rendre empouvoirant et donc, acteurs de cette transmission. bell hooks en parlait plus longuement dans son essai Teaching to transgress , une critique de l’enseignement et du monde académique dans une perspective radicale :

To begin, the professor must genuinely value everyone’s presence. There must be an ongoing recognition that everyone influences the classroom dynamic, that everyone contributes. These contributions are resources.

Quels outils on met en place ? Comment les rendre accessibles ?  Qu’est ce qui a été fait avant nous ? Comment on retrouve/récupère ce qui a été fait pour mieux voir ce qui marchera à l’avenir ?
Quels récits existent ? Quels sont les rapports de force entre ces récits ? Lesquels sont les nôtres ? Sur quels critères ?

Ce travail politique ne peut pas se faire sans questionner les initiatives disponibles pour empouvoir,  sans critiquer nos biais et privilèges, sans analyser ce qui “fait culture”, par rapport à/aux culture.s dominante.s. Ça demande aussi d’interroger sa place dans cette transmission, et sa potentielle participation à celle-ci (on peut participer à celle-ci et… désinformer).

Enfin, je pense que ce sujet mérite comme, beaucoup d’autres, une discussion communautaire pour en faire un état des lieux sur ce qui fait sens aujourd’hui d’utiliser pour mieux transmettre.

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