Conférence Afroféministe autour d'"Ouvrir La Voix" d'Amandine Gay

Lundi soir, tu as raté la soirée du mois, du siècle!!! de la semaine, mais comme je suis gentille et pas parisiano-centré (je ne suis même pas parisienne, lol), je fais un petit topo ici, pour toi, public !

Pour ma part, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde ! Comme certains l’ont malheureusement vu, nous n’avons pas pu accepté tout le monde car il n’y avait plus de places. C’était en tout cas incroyable de voir une majorité de personnes noires, surtout des femmes, se réunir ici pour ce qui a commencé comme une conversation entre plusieurs twitteuses afroféministes et un documentaire. Vraiment, je crois que ça restera l’un de mes meilleurs souvenirs : pas tant pour le fait d’y avoir participé ou contribué, mais bien parce que l’on a vu IRL que ça touchait des gens.

Vous pouvez lire le livetweet de la soirée ici, mis en storify par Casdenor .

Résumé par Joao Gabriel :

“Je viens de lire tous les tweets renvoyant à la conférence ‪#‎OuvrirLaVoix‬ avec les sistas, et franchement je suis épaté de voir qu’autant de sujets ont pu être traités en si peu de temps, et de manière aussi limpides. En vrac, les sujets abordés sont :

– racisme systémique
– racisme à l’école
– islamophobie à l’école, loi contre le hijab
– espace universitaire verrouillé à contrecarrer avec des prises de paroles sur les réseaux sociaux
– histoire des luttes de femmes noires depuis l’esclavage
– recontextualisation de l’intersectionnalité telle que définie par Crenshaw dans le contexte juridique
– Coordination des femmes noires, créées en 1976, importance de cette filiation, et de voir qu’un féminisme noir a existé en France
– pillage universitaire de la parole des militant.e.s noir.e.s qui n’auront aucune gratification pour leur travail
– nécessité de rompre avec les féminismes blancs à cause d’une extrême violence raciste
– redéfinition de ce que peut être le militantisme
– pourquoi parler de sa vie n’est pas politique ? stratégie d’invisibilisation des vécus ultra minoritaires et/ou minorisés
– réaffirmer le fait que personne ne doit parler pour nous
– la question du validisme couplée à la racialisation comme noire
– la question dite de classe : conscience de classe difficile à définir aujourd’hui, bcp se définisse à tort dans la classe moyenne alors qu’ils ne possèdent rien, ont des dettes, nécessité de repolitiser le vocabulaire sur la classe
– l’impossibilié d’enlever la dimension de race dans la réflexion sur la classe
– la croyance chez bcp de noirs que le capitalisme nous sauvera, qu’il nous faut nous battre pour notre place dedans : croyance erronnée qui nous enfonce
– les politiques de respectabilité comme frein à l’émancipation
– la question de l’assimilation, l’intégration n’est en fait qu’assimilation (…)

Plus de photos sur le compte @OuvrirLaVoix  et ici, et la page Facebook.

Après la conférence autour des trois extraits du documentaire Ouvrir La Voix d’Amandine Gay, il y eut un débat avec le public sur le mode du progressive stack : les personnes les plus opprimées dans la société devaient avoir la priorité sur la prise de parole (femme, noire/racisée, musulmane, handi, etc). C’était très intéressant d’observer la réaction des gens : personne n’a osé s’avancer, puis lorsqu’une femme noire a posé la première question, beaucoup de femmes se sont mises dans la file, les hommes leur cédant leur place. La timidité a laissé place à un besoin très clair de vouloir se faire entendre – comme le discours de cette femme irakienne hyper touchant qui nous a brièvement raconté son parcours et la manière dont on avait voulu la silencier dans son parcours militant.

Le temps manquait, mais nous avons quand même pu répondre à pas mal de questions, et à la fin de la soirée, j’ai été touchée par celles et ceux qui prenaient la peine de venir nous voir pour nous dire ce qu’ils en avaient pensé, et surtout de savoir quand il y en aurait une seconde ! Un enthousiasme tel que l’association Ouvrir La Voix a récolté des fonds.

Et quel enthousiasme ! Mail, tweets, commentaires facebook, vous avez été nombreux-ses à nous témoigner votre soutien et votre appréciation ! “C’est la meilleure conférence de ma vie, et j’en ai vu des conférences”, m’a dit une femme avant de partir. C’est hyper gratifiant quand on sait que cette aventure est le fruit d’un travail collectif, d’abord initié par le documentaire d’Amandin Gay bien sûr, mais où beaucoup d’entre nous ont travaillé sur leur temps libre pour en faire quelque chose de bien. Je suis encore surprise de voir à quel point les entretiens vidéos postés sur le blog et sur ma chaîne Youtube vous ont tapé dans l’oeil, ça fait plaisir !

J’achèverai sur le fait que ce n’est que le début et reprendrai les mots d’Amandine lors de son introduction sur l’historique de l’afroféminisme : “la dernière coordination des femmes noires est en 1982… mais ça, c’était jusqu’à 2015 !” héhé.

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