Le paradoxe des jours

 

 

Cela fait longtemps que je n’avais pas écrit de posts “Day to day”. Ca me permet parfois de me souvenir que ce blog est, avant d’être une plateforme où je peux créer, écrire, inviter d’autres personnes, à moi.

Pour celleux qui me suivent sur Twitter, ce dernier mois (et quelques semaines) ont été très difficiles moralement et épuisant physiquement ; cumulant à la fois l’arrivée sur Paris, la recherche d’appartements et de perte ou déception en amitié. Ce qui est toujours surprenant est l’espèce d’écart entre l’incroyable bonté et solidarité qu’à susciter ce mauvais passage de ma vie chez des personnes qui ne me connaissent pas – si ce n’est pour ce qu’ils lisent de moi -, et le moral en miettes que je me suis traînée durant ces longs jours avec la violence du quotidien – raciste mais pas que.

Et puis est venu ce moment où, à force d’être éreintée et déprimée, j’ai mis sur pause ou de côté toutes les choses et personnes qui fragiliseraient le peu d’esprit positif qui me restait. Y compris Twitter. J’ai recommencé à me sentir bien, à retrouver mon côté solaire, à gérer les choses une par une, malgré la frustration. Je me suis isolée, j’ai lu, ri, aimé avec les personnes qui étaient encore là. Et puis, j’ai eu la chance de rencontrer quelqu’un d’encore plus solaire et positif que moi : quand on est prêt du soleil, on cesse petit à petit d’avoir froid et on se souvient de ce que c’est que d’avoir chaud et de se sentir bien. On se détend, on reprend ses marques.  J’ai continué de regarder de loin ce qui se faisait çà et là, j’ai continué d’écrire et j’ai recommencé à être émerveillée par les personnes que je rencontrais par hasard. D’une certaine manière, couper avec le reste pour ne voir que du nouveau et de l’éphémère était moins lourd à gérer.

C’est donc au moment où je m’y attendais le moins que tout m’est tombée dessus. Ca a commencé avec l’interview sur Slate, un mail un peu par hasard, puis une rencontre dans un café, et quelques jours plus tard, une vague de visites, de mots gentils dans ma boîte mail, sur mon blog, ma page facebook. Et au milieu de ces personnes inconnues, des journalistes, des éditeurs, etc…

Le jour où j’ai tenu les clés de mon nouvel appartement dans mes mains était le même jour où je me retrouvais face à une secrétaire qui me demandait “qui dois-je annoncer ?“. “Mrs Roots“.  D’un coup, ce qui était un blog commencé un jour d’été, il y a un an, avait une sorte d’entité au-delà du virtuel. Certes, j’avais déjà reçu des messages adorables de lecteurs et lectrices , mais c’est quelque chose que je ne percute jamais vraiment : je me sens toujours reconnaissante que quelqu’un trouve ici quelque chose qui le réconforte, des rencontres extraordinaires que cela m’apporte, c’est une sorte de bonus à ce que je prends plaisir de faire pour moi, et d’autres filles comme moi.

Ainsi déferla une incroyable bonne vibe, au point que j’en sois submergée, que je me pose et que je me retrouve à me dire “c’est un truc de dingue” à répétition. Je mentirai si je disais que cette vague de bonnes choses et de projets inattendus suffisaient à masquer mon amertume. Mais, une très bonne amie m’a rappelé que j’avais le droit de prendre le temps. Prendre le temps de ne plus être en colère, de sentir de la rancune , de me sentir fragile et déçue. De pleurer et jurer, aussi. Prendre le temps d’être égoïste, à mon tour, chose que j’oublie énormément. C’est un peu triste de tenir une liste de personnes à remercier, à côté d’une autre liste de relations incertaines ou troubles, mais j’ai décidé de ne maintenir que le bon pour le moment, parce que c’est tout simplement ce dont je suis capable. Je n’ai plus d’énergie pour aller chercher et retenir des choses ou des gens, ni la force de m’en vouloir de ne pas le faire.

On oublie parfois que le positif, ce n’est pas nécessairement que tout est réglé, mais juste quelque chose que l’on essaie de semer là où ça veut bien pousser, là où l’on peut s’en occuper. Si ça tient, pousse et grandit, tant mieux. Si cela fane, tant pis.

Je vais bien. Ca peut être dans le métro, en sortant du boulot, assise devant une série, ou simplement avec certaines personnes, mais je vais bien. Parce qu’au fond, ces aléas sont parmi d’autres et qu’en attendant le reste à venir, je veux profiter de ces mises entre parenthèses pour ressentir cette joie du “au jour le jour”, celle qui pointe le bout de son nez quand je lis un de vos messages, de vos commentaires ou tweets. Cette joie qui est là quand je ris à une blague stupide, ou que je découvre un nouveau livre…

Parce qu’au fond, dans les limites de cette bulle que j’aime me tracer, je suis toujours cette fille qui a ouvert il y a un an son blog, seule dans sa chambre. Et ça ne m’empêche pas d’être heureuse.

 

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