Intersectionnalité et afroféminisme : Le mémo ! #1

Il est là, il est beau, c’est le mémo !

Je suis allée dans les tréfonds de mes favoris et de mon getpocket pour faire un premier mémo (oui, il y en aura certainement un ou des autres, je pense). J’ai répertorié des liens français sur l’intersectionnalité au sens strict du terme; c’est à dire les diverses  intersections à la race, une perspective du concept qui a été invisibilisé et whitewashé lors de sa reprise dans le cadre français. J’ai privilégié la qualité à la quantité, en prenant des références phares de l’approche afro-américaine, ainsi que des blogs qui s’inscrivent dans ce même courant.

Du côté des blogs, qui fournissent des posts et des outils accessibles ou des documents intéressants :

Du côté des textes clés :

Kimberlé William Crenshaw, “Cartographies des marges: intersectionnalité,..etc” : le concept d’origine de Crenshaw, le vrai du vrai, et en français.

“Je voudrais ici me risquer à aller plus avant sur la question en explorant les dimensions raciales et genrées de la violence contre les femmes de couleur. Les discours féministes et antiracistes contemporains n’ont pas su repérer les points d’intersection du racisme et du patriarcat. En m’attachant à deux manifestations de la violence masculine contre les femmes (les coups et le viol), je montre que les expériences des femmes de couleur sont souvent le produit des croisements du racisme et du sexisme, et qu’en règle générale elles ne sont pas plus prises en compte par le discours féministe que par le discours antiraciste. Du fait de leur identité intersectionnelle en tant que femmes et personnes de couleur, ces dernières ne peuvent généralement que constater la marginalisation de leurs intérêts et de leurs expériences dans les discours forgés pour répondre à l’une ou l’autre de ces dimensions (celle du genre et celle de la race).”

Angela Davis, Angela Davis et l’histoire des mouvements anti-viol 

“Le statu quo était aussi maintenu dans le patriarcat blanc capitaliste en dissimulant les véritables violeurs. Et les faux viols qui déclenchaient fureurs populaires, jugements expéditifs et lynchages grand public dans le Sud jouaient un rôle d’exutoire et de régulation sociale pour la population blanche.”

Claudia Jones, “Femmes noires et communismes : mettre fin à une omission” 

“Comprendre comme il faut ce militantisme, renforcer et amplifier le rôle des femmes noires dans la lutte en faveur de la paix et de tous les intérêts de la classe ouvrière et des Noirs implique en premier lieu de surmonter l’indécente indifférence face aux problèmes spécifiques des femmes noires. Cette indifférence imprègne depuis trop longtemps les rangs du mouvement ouvrier en général, des progressistes de gauche et aussi du Parti Communiste. L’évaluation la plus sérieuse qui soit de ces faiblesses par les progressistes, et tout particulièrement par les marxistes-léninistes, est une nécessité vitale si nous comptons aider à l’accélération de ce développement et à l’intégration des femmes noires dans le mouvement progressiste et ouvrier et dans notre propre parti.”

Pour aller plus loin sur le profil de Claudia Jones et son parcours, très méconnu, cliquez ici.

Patricia Hill Collins, “Quel avenir pour le féminisme noir ?”

“La seconde caractéristique du féminisme noir américain porte sur le fait que la conception du genre soit déterminée par des inégalités de race, de classe et de sexualité. L’histoire du féminisme noir démontre clairement qu’il est une frange distincte du féminisme, opérant sur un mode d’intersectionnalité et d’une relation continue entre théorie et pratique. Comme je l’explique dans Black Feminist Thought, le féminisme noir américain pose les inégalités sociales comme résultantes les unes des autres. De sorte qu’il devient difficile de discuter isolément de la race, du genre et de la classe dans la recherche de solutions aux problèmes sociaux. Le féminisme noir insiste au contraire sur l’interconnection des inégalités et identifie des configurations de privilège et d’oppression à chaque période de l’histoire.”

Audre Lorde, De l’usage de la colère; la réponse des femmes au racisme:

En ce lieu, nous parlons loin des évidences les plus criantes de notre condition de femmes assiégées. Que cela ne nous cache pas l’importance et la complexité des forces qui se dressent contre nous, et tout ce qu’il y a de plus humain dans notre environnement. Nous ne sommes pas ici en train d’analyser le racisme dans un vide social et politique. Nous agissons dans les rouages d’un système dont le racisme et le sexisme sont des piliers fondamentaux, établis et nécessaires au profit.”

VUE GLOBABLE AVEC OCHY CURIEL : Critique postcoloniale et pratiques politiques du féminisme antiraciste

Cet article traite des apports théoriques et politiques du féminisme antiraciste, en particulier le black feminism et le féminisme chicano aux États-Unis, de la pensée des afro-féministes et des indigènes en Amérique latine et dans les Caraïbes, pour une nouvelle compréhension de la « colonialité du pouvoir » à partir de l’imbrication de catégories comme la race, la classe, le sexe et la sexualité.

Un très très bon article, assez accessible, qui fait explique l’apport théorique et pratique des féminismes racisés ! Je trouve que c’est une très bonne introduction, car elle ne se limite pas à l’afroféminisme, mais bien à la portée des féminismes de femmes racisées.

 

 

Ces quelques liens à eux tout seuls sont conséquents, et demanderont du temps du temps à être assimilés… et c’est normal ! Moi-même, je n’ai pas encore fini de tout lire, mais ils ont le mérite de montrer la diversité du propos sur l’intersectionnalité. Le propos est bien différent de ce que l’on entend dans le cadre français, et donne lieu à des questions sur la récupération du concept mais aussi ses limites.

Ce qu’il faut retenir est bien que l’axe de la race est central aux intersections, et que s’il y a un focus sur cet axe, c’est parce qu’il s’agit d’une réponse à un féminisme TM blanc excluant, encore valable aujourd’hui.  Il est bien entendu que j’aurais pu agrémenter ce concept de liens afro (africains, caribéens, etc), ou panafricains, et également de textes anglophones, mais je garde ça pour d’éventuels prochains mémo’.

Bonne lecture ! 🙂

 

2 thoughts on “Intersectionnalité et afroféminisme : Le mémo ! #1

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *