[BILAN] My 2013's : a surprising and revealing year ! [ Fr]

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Je n’aime pas le Nouvel An.

J’y ai toujours trouvé quelque chose de triste, quand bien même avec les années, l’ivresse et les amis le rendent plus léger. Mais, malgré ça, je n’y ai jamais vu quelque chose de festif, plus quelque chose de mélancolique, de triste. En somme, je l’ai toujours eu à la douce-amère. Mais l’année 2013 est différente. Si différente, si extravagante, si hors-cadre… Elle est si marginale et sous-évaluée, qu’elle en mérite son bilan !

2013 was…

1 ) REVEALING

2013-04-21 21.58.21

Il y a un an, je décidai d’aller en Finlande.

Ni maman, ni papa, ni amis, ni guide touristique, ni page wilipédia sur la Finlande, juste moi annonçant au monde que j’allais passer un an dans le Nord, un pays que je ne connaissais pas. J’y suis allée pour un an. Je rentrais de cours sous -20 degré, je regardais les deux heures de soleil par la fenêtre pendant mon cours de linguistique, je riais devant le caissier qui me proposait un sachet en finnois d’une manière différente à chaque fois. J’allais boire un Chai Latte dans le café de la rue d’en face, et je résistais à manger des gâteaux aux fruits rouges que j’aimais tant. Je mettais un collant sous mon pantalon, que ce soit dans ma ville d’études ou en Laponie.

Je suis allée sur les îles Alands en pleine tempête de neige, fait du chien de traîneaux, mangé de la saucisse de rennes, me suis baignée dans l’océan arctique en chaussettes et maillots de bain, vu le soleil se lever sur Stockholm sur le pont d’un ferry, vu les stations dorées de Saint Petersbourg et leur métro à jetons, marché sur les murailles médiévales de Tallinn… J’ai terriblement aimé aussi. Oh ça oui, j’ai aimé que ce soit ces personnes qui m’accompagnaient dans la nuit prendre des burgers dans la rue d’à côté, qui ont partagé un tiramisu dans un restaurant de pirates avec moi, qui ont joué à flip cup avec moi, qui ont écouté en boucle “Get Free” de Major Lazer, qui ont participé à des dîners internationaux, qui ont été des colocataires illégaux dans ma chambre… J’ai terriblement aimé ces personnes qu’en évoquer le souvenir aujourd’hui me donne les larmes aux yeux. Ce n’est pas un amour que l’on ressent sur le coup, c’est un amour posteriori, un amour d’avoir vécu avec eux quelque part dans le monde.

Bref, c’était plus qu’un pays, c’était une autre vie. J’ai le coeur serré parfois, quand j’y repense. Personne ne verra ces moments, pas même les photos suffiront. Je la porte en moi et aujourd’hui, je sais que c’est quelque chose d’unique qui a fait de moi quelqu’un de différent. D’ouvert ? A l’écoute ? Confiante ? Tout ce que je sais, c’est que ça ne m’a apporté que du bon, quelque chose qui fait qu’aujourd’hui, je suis fière de ce que je suis, pardonné ce que j’ai été,  et encourage ce que je peux devenir, sans attendre l’approbation d’autrui. Autrui me construit mais n’est pas détenteur de ma personne : j’ai trouvé l’équilibre.

2) SURPRISING

Il y a un an, je décidai de me lancer dans ma passion.
J’ai fait ce choix où l’on se demande ce que l’on va faire de sa vie, et dans la quête d’une réponse rassurante et insondable, j’en suis ressortie avec “et si j’essayais ? on verra après”.  Voilà comment j’ai cherché mon premier stage dans l’édition. Et voilà comment l’une des plus grosses boîtes m’a trouvé dans ma quête. Passer quelques semaines au milieu de ce qu’on aime était plus que je n’aurais espéré ! Quand on décide de travailler dans les livres, ce n’est pas comme si on avait un discours encourageant de la part d’autrui. Mais qu’est-ce qu’on a dit ? Ah oui, que l’approbation d’autrui, elle peut aller… voir ailleurs.
Surprenante donc car, pour l’instant, je fais ce que j’aime et j’ai eu des opportunités aussi incroyables les unes que les autres. Que ce soit par l’engouement pour le blog, les rencontres via Twitter, ou encore mieux, ma participation au magazine Just Follow me.

C’est hyper gratifiant d’avoir de bons retours sur ce que l’on aime faire, ce dans quoi on s’implique. Mais ça l’est encore plus quand on l’articule sur des questions qui concernent tout le monde.

3) ICONIC

On m’a longtemps demandé si j’avais des auteurs préférés, des gens qui m’inspiraient. Jusqu’à cette année, je n’en avais pas. Vraiment, je n’avais personne, pas de modèle, pas d’icônes. Je pense que j’ai longtemps ignoré que cela manquait à ma vie, ça décuplait mon attachement à des oeuvres comme Racines, à des travaux, des discours historiques, mais pas de personnes, de figures auxquelles j’aurais pu m’identifier. Toni Morrison a comblé cette énorme part de ma vie, non pas seulement par ce qu’elle a écrit, mais davantage par ce qui en a découlé. 

A partir de ses oeuvres, j’ai commencé à réfléchir. J’ai ouvert ce blog dont les débuts étaient une esquisse un peu humaniste, puis j’ai lu, me suis intéressée à des questions qui m’avaient touché sans que je ne m’y interroge. J’ai découvert des concepts, et j’ai dépassé cette limite à laquelle je me heurtais. Comment lier ce qui me passionne en quelque chose de constructif ? Comment faire résonner ces oeuvres et montrer en quoi elles sont essentielles ? Qu’est-ce qui fait de la littérature plus que des mots ? C’est là que sont nées mes premières critiques.

J’ai d’abord rencontré les Gars, cette bande de potes immigrés qui m’ont tellement apporté et ravagé mon égo de privilégiée européenne. Ma cousine m’a dit ” je peux pas t’expliquer, mais il faut que tu le lises” en me tendait du Frantz Fanon, que je lisais chaque matin durant mon heure de métro. Puis, j’ai dévoré “L’oeil le plus bleu”, criant parfois durant ma lecture. J’ai réfléchi, encore et encore, et pendant des semaines, j’ai eu l’impression de vivre une révolution culturelle dans mon crâne : c’est quoi le métissage ? Pourquoi je ne me sens pas concernée par le féminisme TM ? Pourquoi j’ai la sensation inconfortable que je ne serai jamais française ? Est-ce que je suis homophobe ? Être noir(e) ne me rend-il pas forcément plus objective/tolérante par rapport à X ou Y ?

Je me suis toujours sentie comme une sorte d’humaniste moderne. Ce n’était pas par noblesse d’âme ou quoi, c’est juste quelque chose qui m’a toujours fasciné dans le fait de comprendre autrui et ainsi, de percer le voile d’ignorance et de préjugés que j’avais. En somme, j’ai toujours été fascinée par la déconstruction de soi en faveur d’une ouverture sur le monde. C’est beau, hein ?  J’ai longtemps appelé ça de l’ouverture d’esprit, puis j’ai pensé que j’étais un carrefour de pleins de choses, mais jamais je n’ai trouvé le bon mot.

Sans que je ne m’en aperçoive, une ébullition intersectionnelle venait de naître.

Ce penchant intersectionnel a mis beaucoup de temps à se former, a expiré en des fausses couches de frustration, mais aujourd’hui, en 2013, il est bel et bien là. Il n’a toujours pas d’étiquettes fortes pour que je me proclame quoique ce soit (féministe, anti-raciste, etc… les adjectifs sont encore trop forts). Pour l’instant, maintenant que ce gros big bang intellectuel s’est posé, je nourris tout ça, lentement, calmement, et sûrement. Je suis une éternelle élève de l’intersectionnalité.

J’ai donc commencé à articuler mon sens critique via ce que j’aimais le plus : la littérature. Mais c’était plus un moyen de mettre de l’ordre que d’être lue. D’où ma surprise de voir que des gens trouvent intéressants certaines de mes réflexions, et encore plus au point de me suivre quotidiennement dans des débats. Un énorme merci donc à ces personnes qui ont pu trouvé dans ce que j’ai pu dire des réponses, ou tout simplement quelque chose à retirer. J’en suis très reconnaissante, étant donné que je suis encore une apprentie en la matière 🙂

Elève de qui ? De toute ces personnes qui font mon éducation quotidiennement sur Twitter, dans les livres, partout, qui me disent quand je me trompe, et qui m’écoutent quand j’ai des questions. C’est un peu ce qui fait le blog Mrs.Roots ce qu’il est. Et puis c’était sans compter le fait de rencontrer de bonnes personnes pour consolider tout ça à base de projet concret : auboutdeslevres.wordpress.com

ET MAINTENANT ?

” Sibylle avait oublié Stockholm nu sous les lueurs de l’été. Sa beauté irisée lui soufflait ses souvenirs à l’oreille, à un coin de rue. Elle erra des heures dans les ruelles de Gamla Stan, inondé de touristes. Malgré l’engouement pour ce qu’on appelait futilement la Venise du Nord, l’âme de Sibylle était en éveil. En Juin, il n’était jamais tard, tant le soleil restait haut à minuit, mais la fatigue en contrepied, elle décida de reprendre son chemin.” (extrait d’un brouillon)

L’année 2013, ce n’est pas une belle histoire. Si c’était le cas, il y aurait un début et une fin, et je n’aurais pas le goût d’inachevé alors que ce post est bien trop long. Honnêtement, je ne me souviens pas des mauvaises choses de cette année. Je veux dire, il n’y a pas de gros points noirs, juste des craquages que certain(e)s ne méritaient pas. Mais la vérité, c’est que je veux ce même sentiment de flottement, d’inachevé pour l’année prochaine. Je veux avoir la sensation qu’il n’y aura jamais assez de mots pour retracer tout ce qui fut génial. Je ne vous souhaite pas une bonne année, mais juste de trouver votre équilibre et ce même flottement qui vous laisse rêveur, au final. D’être heureux quoi 🙂

Pour l’année 2014, je compte bien être occupée à refaire le monde un peu sombre de ces jours-ci. Et il semble que je ne serai pas toute seule pour le faire.

“Pas toute seule”, ouais. Semblerait même qu’un certain quelqu’un me tiendra la main cette année; à m’écouter parler d’imprimerie, de Scandal et de Toni Morrison. Ouais, paraît qu’il la tiendra, malgré tout ça.

Enfin, c’est ce qu’on m’a dit.

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